Propagating Wild Flowers (1998)
(La dissémination des fleurs sauvages)
Par James Hodgins
Jim Hodgins est rédacteur de la revue WILDFLOWER et a déjà présidé la North American Native Plant Society. Il est coauteur de Flowers of the Wild: Ontario and the Great Lakes Region.
Mon jardin de fleurs sauvages n’avait que deux ans lorsque j’ai remarqué que l’hydraste du Canada était en train d’envahir le gingembre sauvage. L’uvulaire grandiflore, habituellement minuscule et délicate, atteignait la taille du panier d’un boisseau et prenait toute la place du mertensia de Virginie. Le polystic de Noël, vert toute l’année, avait doublé en nombre et privait l’anémone sylvie de lumière.
J’avais obtenu ces plantes sauvages indigènes dans des pépinières, sur des sites de construction ou dans le jardin de mes amis. Je les avais plantées de manière à laisser amplement d’espace entre chaque espèce, tellement d’espace en fait que j’étais loin d’avoir donné au jardin l’aspect naturel que je recherchais. Seulement deux printemps plus tard, je me retrouvais avec un surcroît de plantes ou des plantes plus grandes qu’il ne fallait. La forme, la texture et les couleurs des espèces les moins agressives avaient déjà presque disparu derrière des espèces plus grandes et à croissance plus rapide. Certaines parties du jardin prenaient l’allure d’une jungle. Mon jardin poussait à toute allure et je pris la décision, en tant que créateur, de le rendre plus esthétique. Il fallait pour ce faire arracher les plantes qui avaient commencé à quitter leur territoire, en divisant simplement les gros plants en deux à l’aide d’une bêche, et en m’assurant de conserver à la moitié prélevée le plus de terre et de racines possible.
Après ces travaux d’embellissement, j’avais dispersé dans des sacs de plastique deux ou trois fois plus de fleurs et de fougères sauvages que j’en avais plantées. Je me suis donc révélé un agent de propagation (du latin propagare) des plantes plus ou moins enthousiaste en vue de leur multiplication. En horticulture, cette méthode de base de la multiplication des plantes, ou d’augmentation de leur nombre, s’appelle tout simplement « division ». On y a généralement recours dans le cas des fleurs (ou de toute plante du jardin) dont les racines se regroupent en mottes denses et fibreuses comme, par exemple, l’aster, la verge d’or, la marguerite, la monarde, la véronicastre de Virginie, la verveine hastée, l’eupatoire perfoliée, l’eupatoire maculée, le rudbeckia, la véronique, le tournesol, la physostégie de Virginie, certaines violettes et de nombreuses fougères. En général, il vaut mieux diviser à l’automne les espèces qui fleurissent au printemps, comme la jeffersonie à deux feuilles, les violettes et l’anémone des prairies; et il vaut mieux diviser au printemps les espèces qui fleurissent à l’automne comme l’aster, la verge d’or et le cimicaire. Si la motte de racines est assez grosse, on peut la diviser en trois nouvelles mottes ou même plus, pourvu que chacune comporte suffisamment de racines.
Quand vient le moment de diviser les mottes dans son jardin, on dispose d’une belle occasion de faire connaissance avec ses voisins tout en contribuant à la conservation des fleurs sauvages. La plupart des jardiniers ne demandent pas mieux que d’accepter les plantes offertes gratuitement. Ils se montrent souvent encore plus accueillants si on leur explique d’où vient l’espèce ou si on leur donne les caractéristiques biologiques de la plante. Connaissez-vous un jardinier qui n’aimerait pas découvrir, par exemple, qu’un grand nombre de fleurs sauvages indigènes de la région des Grands Lacs font partie d’espèces qui y poussent depuis 10 000 ans? Ou un autre qui ne serait pas des plus heureux de recevoir une espèce forestière après avoir appris que la plupart sont vivaces et adaptées à l’ombre et à la mi-ombre, et nécessitent peu de soins? Il se peut que la plante sauvage que vous lui donniez soit le seul véritable contact avec la nature de ce jardinier de fleurs cultivées, et ce geste l’amènera peut-être à apprécier de plus en plus la nature sauvage.
MULTIPLICATION VÉGÉTATIVE
Quand j’ai divisé les mottes de racines des plantes adultes de mon jardin, j’ai fait appel à une méthode de multiplication végétative dans laquelle seules les parties asexuées de la plante comme les racines, la tige ou les feuilles, entrent en jeu. Les organes sexués (la fleur) ne jouent aucun rôle dans cette méthode. Puisqu’une division simple consiste essentiellement à séparer les jeunes plantes de la plante mère, la nouvelle plante est génétiquement identique à cette dernière. Ce peut être un avantage si vous recherchez l’uniformité, mais désavantageux si vous recherchez la variété sur le plan des couleurs (fleur), de la taille, du taux de croissance ou du moment de la floraison et de la production des fruits.
Il existe plusieurs autres méthodes qui permettent d’augmenter le nombre de plantes par multiplication végétative. Vous pouvez consulter des livres de référence ou compter sur votre expérience pour découvrir laquelle de ces méthodes convient à chaque espèce. Les plus courantes consistent à :
COUPER LA TIGE OU LES FEUILLES
La tige qui sort du sol, en particulier une tige jeune et tendre du début du printemps, peut être coupée de la plante mère et replantée directement ailleurs dans le sol. Les espèces qui répondent bien à cette technique sont l’Opuntia littoralis, le thé des bois, le tradescantia, l’asclépiade tubéreuse, la lobélie, le phlox divariqué, le chamaelire doré, la silène de Virginie et la racine d’alun. (On doit laisser exposée à l’air la partie coupée de l’Opuntia littoralis pendant plusieurs heures, le temps que les cellules endommagées sèchent ou cicatrisent. Une fois dans le sol, la plante sera ainsi moins susceptible aux maladies causées par les champignons ou les bactéries.)
Il faut planter la plupart des boutures à une profondeur de 2 à 4 centimètres. Ces dernières subissent un stress. Elles n’ont pas de racines pour aller chercher l’eau et continuent d’en perdre par transpiration et respiration. Vous pouvez augmenter leurs chances de survie en les recouvrant d’un sac de plastique propre transparent ou d’un grand bocal. La mini-serre formée par le sac ou le bocal augmente l’humidité et prévient le flétrissement dû à la déperdition d’eau. Gardez la bouture couverte jusqu’à ce que de nouvelles pousses apparaissent. Ces boutures sous verre ou plastique ne doivent pas être exposées directement aux rayons du soleil car elles dépériraient à une température aussi élevée. Les boutures provenant de plantes dont la tige ou les feuilles sont épaisses ou cireuses comme le cactus, l’orpin ou l’Hyménoxys herbacé ne nécessitent pas un surplus d’humidité, car elles risqueraient de pourrir.
Les boutures de feuille de certaines espèces, comme le gingembre sauvage, la cardamine, la dentaire et la mitrelle, prendront racine de la même façon que les boutures de tige.
Certaines espèces de fleurs sauvages, en particulier la tiarelle, la fraise, certaines violettes, le Chrysogonum virginianum et la potentille ansérine, font des tiges spécialisées, au-dessus ou en dessous du sol, appelées stolons. Des plantules se développent à partir des nœuds ou de l’extrémité du stolon. Dès que le stolon porte plusieurs feuilles, on peut l’enlever et le planter ailleurs. Il vaut mieux le recouvrir d’un bocal pendant plusieurs semaines, jusqu’à ce que de nouvelles plantules apparaissent.
PLANTER LES TIGES SOUTERRAINES
De nombreuses espèces de plantes emmagasinent les éléments nutritifs dans leur tige souterraine. Le rhizome en est un exemple. Il s’agit d’une portion de tige plus épaisse, horizontale par rapport au sol, et qui envoie des racines vers le bas. De nouvelles tiges apparaissent à son extrémité et aux nœuds. Ces espèces qui se propagent facilement au moyen de rhizomes sont l’iris, la sanguinaire, le trille, quelques violettes, l’hydraste du Canada, le sceau de Solomon multiflore, l’adiante du Canada, certaines herbes et certains foins, le géranium, la pomme de mai, le gingembre sauvage, la mertensia de Virginie, le sabot de la vierge, le dispore, le lis des marais et le yucca.
Le meilleur moment pour obtenir de nouvelles plantes à partir d’un rhizome est la fin de l’été ou l’automne lorsque la plante est relativement inactive. Au moyen d’un couteau acéré, coupez un rhizome robuste en deux de façon à ce que chaque extrémité comprenne au moins un bourgeon ou une pousse. Attendez au lendemain pour planter les sections à la même profondeur que le rhizome original, ce qui leur laissera le temps de sécher. Laissez beaucoup d’espace entre chaque plant et marquez l’endroit au moyen d’un bâton. Vous pouvez obtenir de deux à sept nouveaux plants à partir d’un seul rizhome.
Les plantes peuvent également se multiplier par un bulbe souterrain. Les espèces pourvues de cet organe spécialisé sont le lis du Canada, l’ail des bois, la camassia quamash, la quamassie, et l’oxalide violacée. Le dicentre du Canada et la diclybrée du Canada sont également dotés d’un organe qui ressemble à un bulbe.
Le bulbe est un organe de réserve des éléments nutritifs. Il est formé de plusieurs couches de feuilles enroulées bien serrées autour et à la base d’une tige centrale. Il faut déterrer ces bulbes à tous les deux ou trois ans, à l’automne, afin de les examiner. On apercevra à proximité du bulbe mère, plusieurs et parfois de nombreux autres bulbes appelés bulbes secondaires. Il faut les enlever délicatement avec les doigts et les replanter à la même profondeur. Il faut les séparer les uns des autres d’au moins 30 centimètres et veiller à les positionner la pointe vers le haut. Si des rongeurs fréquentent le jardin (les écureuils étant les plus voraces) recouvrez les bulbes d’un grillage de basse-cour de ¼ à ½ pouce, en fonction de la taille des bulbes. Recouvrez le grillage de terre et de débris organiques de litière. Marquez l’endroit.
Les fleurs sauvages comme la claytonie lancéolée, l’ail doux, le chamaelire doré et l’hypoxie hirsute produisent une structure souterraine qui ressemble à un bulbe et qu’on appelle cormus. Les feuilles serrées autour de la grosse tige centrale du cormus sont minces et membraneuses, contrairement à celles du bulbe qui sont épaisses et charnues. Ce type de plantes se multiplie de la même manière que les bulbeuses.
PLANTER LES BULBILLES
Certaines fleurs sauvages produisent un bulbe au-dessus du sol, ou aérien, qu’on appelle bulbille. Selon l’espèce, la bulbille se situe à l’aisselle (feuille-tige) ou dans la grappe. Recherchez ces curieuses propagules sur l’ail des bois, la lysimaque terrestre, la cicutaire maculée, la renouée vivipare, la saxifrage penchée, le pâturin bulbeux, la fétuque rouge, le plantain maritime et la renoncule ficaire. Certaines fougères et des lycopodes, y compris la cystoptère bulbifère, le lycopode sélagine et le lycopode brillant produisent également des bulbilles. Recueillez les bulbilles à l’automne et plantez-les comme des graines. Marquez le site de façon à pouvoir les retrouver.
APPLIQUER LE MARCOTTAGE
Si vous souhaitez une multiplication rapide, vous pouvez essayer la technique du marcottage. Elle s’applique aux espèces dont la tige est flexible comme la vigne vierge commune, le gloxinia écarlate, la lobélie, le phlox divariqué et le thé des bois. Couchez délicatement une tige sur le sol en prenant soin de ne pas la casser. Enterrez environ 8 centimètres de cette tige dans une tranchée peu profonde, laissant le point de végétation exposé à l’air. Retenez la portion enterrée au moyen d’une pierre ou d’un piquet. Pendant la période de végétation, de nouvelles pousses surgissent de la portion enterrée. Vous pouvez alors les détacher de la plante mère. Lorsque vous maîtriserez les techniques de multiplication de base, vous voudrez peut-être essayer des méthodes plus difficiles. Vous pouvez consulter les ouvrages recommandés dans les références, dont certains traitent de méthodes moins bien connues, mais efficaces, telles que le détartrage, la striation, l’évidage et la culture tissulaire.
MULTIPLICATION À PARTIR DE LA GRAINE
Dans le milieu de la culture des fleurs sauvages, on ne peut pas vraiment se qualifier de « jardinier » ou de « protecteur de l’environnement » si on n’a jamais fait pousser au moins quelques espèces de fleur sauvage à partir d’une graine. On s’attend également à ce que le « jardinier » tienne un registre de la croissance des plantes, mette des graines en sachets, bien étiquetés, et passe ses surplus aux autres.
La production de graines et leur dispersion constitue le principal mode de multiplication de la plupart des plantes à fleurs. Si la multiplication végétative produit des plantes identiques à la plante mère, celles qui proviennent des graines peuvent être différentes en raison de l’échange possible de matériel génétique entre divers plants d’une même espèce. Autrement dit, le pollen (matériel génétique mâle) a souvent été apporté sur l’ovaire (organe femelle) d’un autre plant par un insecte ou le vent. Le matériel génétique de la graine qui en résulte est légèrement différent de celui des deux « parents ». Les graines assurent donc la diversité des plantes, ce qui n’est pas le cas des modes de multiplication végétative.
Pourquoi planter des graines lorsqu’il est possible d’acheter un plant mature à la pépinière? Il existe plusieurs bonnes raisons. D’abord, vous économisez temps et essence. Ensuite, les graines ne coûtent rien alors qu’il faut acheter les plants à la pépinière. Enfin, les pépinières produisent et vendent environ 60 espèces de plantes sauvages indigènes de l’Ontario, dont des fougères, des graminées, des herbes, des arbustes et des arbres. Parmi les espèces généralement offertes, seulement une douzaine sont des fleurs sauvages herbacées, dont la plupart sont des espèces qui prolifèrent mieux en plein soleil et s’ils disposent de beaucoup d’espace. Si vous récoltez vos propres graines, vous avez accès à 2000 espèces sauvages en Ontario seulement. La principale raison pour laquelle les jardiniers de plantes indigènes préfèrent les graines est probablement l’immense satisfaction intellectuelle et spirituelle qu’ils en retirent du fait que leur travail est intimement lié à un cycle naturel complet : la récolte de la graine, la semence, la germination, la floraison suivie de la production du fruit puis, de nouveau, de la récolte de la graine. Vous devenez vite l’ami intime des espèces dont vous vous occupez.
RÉCOLTE DES GRAINES
Si vous récoltez des graines dans la nature, vous devez absolument veiller à ne pas prélever plus de 10 % de la production d’un plant ou d’un peuplement. Le reste doit pouvoir assurer la survie d’une population donnée et nourrir les nombreux organismes qui dépendent des graines pour leur subsistance. Ces derniers sont les oiseaux qui restent sur place l’hiver, les mammifères et les insectes qui hibernent. Peu importe le type de graine, vous devez observer cette règle du 10 %. Les vivaces peuvent plus facilement se passer de leurs graines que les annuelles, car elles se multiplient autant par reproduction végétative que par les graines. Par contre, les annuelles en produisent généralement beaucoup plus car c’est leur seul moyen de survie.
Les graines que vous recueillerez près de chez vous seront très probablement plus efficaces dans votre jardin que celles que vous aurez trouvé dans un autre environnement. Les plantes s’adaptent à leur milieu avec le temps, et savent se défendre contre les maladies, les prédateurs, les sols et le climat d’un milieu donné. Les graines que vous prélèverez ailleurs se sont adaptées à d’autres conditions (ce qui constitue une autre bonne raison de récolter les graines de fleur sauvage vous-même). Les grandes entreprises produisent habituellement leurs propres graines ce qui en assure la qualité, mais ces dernières ne donneront peut-être pas les meilleurs résultats dans votre sol.
Assurez-vous que les graines que vous recueillez soient matures. La couleur, la taille, la consistance et le degré de sécheresse du fruit vous indiquent la maturité de la graine. Vous apprendrez comment interpréter ces signes par l’expérience et l’observation. Vous pouvez aussi prendre des notes sur le lieu de la récolte des graines et la date où vous les avez trouvées à maturité. Ceci peut vous aider car il arrive que ces dates varient d’année en année.
Les fleurs sauvages à gousses, comme l’asclépiade et les papilionacées, ne doivent pas être récoltées avant que le fruit soit mûr. Si l’été a été humide, on peut les faire sécher à l’intérieur, dans une pièce bien aérée. Les graines encapsulées, comme les graines d’iris, de sanguinaire et de gloxinia écarlate doivent être récoltées juste avant que la capsule s’ouvre. Les fruits charnus doivent être récoltés dès qu’ils sont mous à la pression des doigts. C’est le cas du sceau de Solomon multiflore, du trille, de l’hydraste du Canada et du streptose rose.
Recueillez les graines des plants les plus robustes et les plus beaux, car ce sont probablement celles qui ont le plus de chances de survivre. Vous aimeriez peut-être recueillir les graines des plantes qui fleurissent ou produisent des fruits plus tôt ou plus tard que les autres du même peuplement, si c’est ce qui convient à votre jardin sur le plan esthétique. Dans un même endroit, recueillez les graines de plusieurs plants afin de maintenir une diversité génétique dans votre jardin. N’oubliez pas la règle du 10 %!
Sur le terrain, vous pouvez recueillir les graines sur un petit papier soigneusement replié ou dans un sac de plastique fermé que vous déposerez dans votre sac à dos, votre panier à pique-nique ou un sac ordinaire.
SÉCHAGE, NETTOYAGE ET ENTREPOSAGE
Une fois de retour chez vous, vous devez préparer les graines pour l’entreposage. Séparez-les par espèces. Disposez-les une par une sur une assiette, un plateau ou tout contenant plat et peu profond. Laissez-les sécher pendant deux semaines, en les remuant une fois par jour. Identifiez chaque groupe de graines, car il est très facile d’oublier lequel est lequel.
Pendant que les graines sèchent, vous pouvez nettoyer celles qui nécessitent une préparation. Il existe plusieurs raisons de nettoyer les graines à cette étape : (1) L’entreposage sera plus facile si vous savez ce que vous avez et combien vous en avez. (2) Les graines seront plus faciles à compter en vue de tenir un registre de la germination, et seront plus faciles à semer le printemps suivant. (3) Le nettoyage réduit au minimum la présence de bactéries, de spores fongiques et d’œufs d’insecte, qui peuvent attaquer vos semis. Si la graine porte un petit duvet qui favorise sa dispersion par le vent, il faut l’enlever. C’est le cas de l’anémone des prairies, de l’Anemone patens et de la clématite. De même, il faut éliminer les ailes membraneuses des graines du frêne, de l’érable, du Staphylier à trois folioles et du ptéléa trifolié. Pour ce qui est des graines que l’on retrouve dans un fruit charnu, comme l’oignon sauvage ou le streptose rose, il faut les extraire du fruit et les faire sécher sur un bout de papier. Le nettoyage des graines peut être une corvée, mais c’est une bonne occasion d’observer la graine et le fruit en détail tout en écoutant votre émission de radio préférée.
Après avoir enlevé le plus gros, vous pouvez enlever le reste par vannage : il s’agit de déposer les graines dans un grand plat peu profond au fond arrondi. Installez-vous à l’extérieur ou près d’un éventail. En tenant le contenant par les côtés, lancez doucement les graines en l’air tout en les récupérant dans le contenant. Les débris, plus légers, seront emportés par le vent.
Au lieu de faire sécher les graines à l’air libre après les avoir nettoyée, vous pouvez aussi les déposer dans un bocal fermé avec un poids égal de gel de silice en poudre. Le gel enveloppé dans un morceau de tissu absorbe l’humidité de l’air, ce qui force la graine à libérer l’eau qu’elle contient. Les petites graines prennent de 8 à 12 jours à sécher complètement par cette méthode. Les plus grosses prennent de 12 à 16 jours. La plupart des graines survivent plus longtemps dans un milieu plus sec ou si on a réduit la quantité d’eau qu’elles contiennent. Des études ont révélé que lorsque le taux d’humidité d’une graine se situe entre 5 % et 14 %, une réduction de 1 % du contenu d’eau double la durée de vie de la graine. La température d’entreposage est également importante. Plus la température est basse, plus la graine respire lentement et plus elle conserve son énergie longtemps.
Une fois que les graines sont sèches, il est important de les entreposer convenablement. Déposez-les immédiatement dans une enveloppe de papier scellée et étiquetée. Vous devez inscrire la date, l’espèce, l’endroit où les graines ont été recueillies et le nom de la personne qui a effectué la récolte. Déposez les enveloppes dans un bocal dont le couvercle est bien serré et rangez ce dernier au réfrigérateur à une température de 4 °C. Si vous n’avez pas de place dans votre réfrigérateur, déposez-le dans une cave à légumes froide et sèche. (Les graines qui ont été déshydratées par la méthode au gel de silice peuvent également être rangées dans un congélateur. Les graines qui ont séché à l’air libre n’auront pas perdu suffisamment d’humidité pour survivre au congélateur.) Préparées et entreposées adéquatement, les graines peuvent se conserver de deux à cinq ans.
Les graines de la plupart des plantes de climat tempéré doivent rester au froid pendant trois à 10 semaines. Autrement, elles ne germineront pas. Le fait de les garder au froid et l’effet du froid sur la graine s’appellent la stratification. Il s’agit d’une période de dormance qui prépare la graine à la germination. Lorsque la graine passe une certaine période de temps dans le réfrigérateur, c’est comme si elle passait l’hiver dans la nature.
Quelques graines, par contre, ont certains besoins spécifiques. La germination de certaines graminées forestières, par exemple, semble nécessiter beaucoup d’humidité, en plus de la stratification. Les graines du trille, de l’uvulaire grandiflore, de l’oignon sauvage et du stylophore à deux feuilles pourraient faire partie de cette catégorie et il faut les semer au jardin peu après qu’elles ont atteint leur maturité. Indiquez bien l’emplacement des semis, car certaines espèces peuvent prendre deux ans à germer. De même, la graine de l’ancolie indigène ne peut être entreposée que peu de temps et on devrait laisser la plante se reproduire de façon naturelle. L’orchidée d’Amérique du Nord est très difficile à obtenir au jardin à partir de la graine. Il semble que, pour germer, la graine ait besoin d’un champignon mycorhizien spécifique et ce dernier est probablement absent du sol d’un grand nombre de jardins.
PLANTAGE
Après une bonne stratification, la graine est prête à semer. Le poète Walt Whitman a su capter un peu du mystère de ces principes de vie en quelques lignes :
« [TRADUCTION]
Sur notre immense terre,
Au milieu de l’incommensurable obscénité et des scories,
Bien en sûreté au cœur de son fruit,
Se blottit la graine de la perfection. »
Bon nombre de jardiniers sèment leurs graines stratifiées à l’extérieur une fois le danger de gel passé. Mais il y aurait encore beaucoup à dire sur l’ensemencement à l’intérieur vers la fin de février ou au début de mars. L’hiver semble toujours plus court lorsqu’on a quelque chose à surveiller.
RÉFÉRENCES
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- Hodgins, I.L. “The Wild Gardener.” Seasons 25, no 1 (1985) : p. 16 à 22.
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- Sullivan, G.A., et R.H. Daley. Directory to Resources on Wildflower Propagation. St. Louis: Missouri Botanical Garden, 1981. 331 pages.
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- Young, J.A., et C. Young. Collecting, Processing, Germinating Seeds of Wildland Plants. Portland, Oregon: Timber Press, 1986. 132 pages.
HODGINS, James. Propagating Wildflowers dans WILDFLOWER, 4:3 (1988): 28-32.